Gustave Le Gray (1820 – 1884)
Portrait de Madame G.L.
Huile sur toile. Signée en bas à droite et datée 1853.
Hauteur : 125 cm, Largeur : 95 cm.
Vendue aux enchères
le 17 novembre 2022
68 000 euros
C’est la vie réelle et palpitante que l’opinion demande maintenant à l’art : le daguerréotype et la photographie ont ouvert la voie
Claude Vignon, Salon de 1853
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Jean Baptiste Gustave Le Gray est né en 1820 à Villiers-le-Bel (département du Val d’Oise, France), fils unique de parents de la petite bourgeoisie. Si c’est par le medium photographique et les améliorations techniques qu’il y a apporté que Gustave Le Gray a connu la célébrité, il demeure néanmoins un « peintre de formation et de vocation[1] ». Après avoir tourné le dos aux souhaits de son père de le voir devenir notaire, Gustave Le Gray devient en 1842 l’élève de Paul Delaroche (1797 – 1856), professeur à l’École des Beaux-Arts de Paris, lui-même formé entre autres dans l’atelier d’Antoine Jean Gros (1771 – 1835) et de Jacques Louis David (1748 – 1825). Il part en Italie en 1843, et arrive à Rome en 1844, année durant laquelle il épouse Palmira Maddalena Gertrude Leonardi en l’église San Giacomo in Augusta. Le couple aura six enfants dont un seul, Romain, survivra à l’âge adulte, et vivra à Paris de 1847 à 1860. En 1860, Gustave Le Gray quitte la France pour Palerme, en compagnie d’Alexandre Dumas, puis voyagera ensuite à Catane, Malte, Alexandrie, Beyrouth, Damas, avant de s’établir au Caire, où il mourra en 1884.
L’œuvre peint de Gustave Le Gray demeure à ce jour relativement confidentiel, et peu de toiles sont alors parvenues jusqu’à nous. En 2002, dans l’ouvrage rédigé à l’occasion de l’exposition monographique de l’artiste, Sylvie Aubenas, Conservateur en chef au département des estampes et de la photographie à la Bibliothèque Nationale de France signalait encore qu’à cette date, aucun tableau n’avait été identifié[2].
Gustave Le Gray, parallèlement à son activité de photographe, n’a pourtant jamais cessé de peindre toute sa vie durant, à Paris, ou en Orient. Les portraits ou les scènes orientalistes demeurent son sujet de prédilection. Alors qu’il réalise le Portrait de Madame GL à l’âge de 33 ans, c’est à 49 ans qu’il exécutera sur commande du Pacha d’Égypte celui de l’Impératrice Eugénie. C’est sous le titre Portrait de Madame GL que notre huile sur toile a été présentée au salon des artistes vivants en 1853, année où parmi les quelques 1200 œuvres[3] sélectionnées par le jury sont présentés le célèbre Tepidarium de Théodore Chassériau (1819 – 1856) la bataille des Cimbres de François Joseph Heim (1787 – 1865) ou encore le Daphnis et Chloé de Jean-Léon Gérôme (1824 – 1904). La même année, Gustave Le Gray réalise par ailleurs des vues photographiques du salon[4].
Haute de 125 cm et large de 95 cm, notre huile sur toile représente une jeune femme dans un intérieur.
Son titre ne laisse pas de doute quant à l’identité du modèle. Les initiales « GL » peuvent se rapporter à la fois à « Madame Gustave Legray » (Legray s’écrivant alors d’un seul tenant) ou à « Madame Gertrude Leonardi ». Palmira Maddalena Gertrude Leonardi est assurément le modèle de ce portrait. Née le 23 mars 1923 à Rome, elle a alors trente ans.
La présentation au salon de 1853. Exposée au salon en 1853 sous le numéro « 2794 » et la dénomination « Portrait de Mme G.L », cette huile sur toile est datée de la même année au-dessus de la signature (Ill.13). Elle demeure dans son cadre d’origine. Réalisé en bois et stuc doré, mouluré, rainuré, et sculpté d’une frise, le plus grand intérêt de ce cadre réside sur son revers. Le haut comporte en effet l’inscription de son numéro de répertoire au salon, inscrit au crayon noir, permettant de confirmer définitivement son historique
[1] D’après les mots de Thomas Cazentre dans : « Les photographies de Gustave Le Gray », Le Blog Gallica, article publié le 1er janvier 2013.
[2] Voir Gustave Le Gray, 1820-1884. [Exposition, Paris, Bibliothèque nationale de France, 19 mars-16juin 2002] / sous la direction de Sylvie Aubenas, Paris, BNF – Gallimard, 2002, page 13 : « Nous ne savons rien de la peinture de Le Gray : aucun tableau n’a été identifié alors qu’il en a produit toute sa vie ».
[3] Voir : Claude Vignon, Salon de 1853, Dentu, Paris, 1853, page 54.
[4] Deux vues sont actuellement connues, toutes deux conservées au Musée d’Orsay sous les numéros d’inventaires PHO 2000 13 4 et PHO 2000 13 2.